LA JUMENT BLANCHE AU DRAP ROUGE
Exposition ROUGE au Grand Palais, l'Art en Union Soviétique pendant le développement du stalinisme, 1920 et............. Même les chevaux alors étaient rouges.
LA JUMENT BLANCHE AU DRAP ROUGE
Le soleil darde et nous ne sentons pas
La fraîcheur du vent du nord.
Ce dernier souffle sans trêve,
Aux dents a pris le mord
Et gomme la puissance des rayons solaires.
Dans notre progression nous frôlons
Le frais rideau de la lisière forestière.
Au fond de la pâture, noire comme un four,
La profondeur d’une grange offre un écrin de velours
Au cheval blanc pris au piège d’un enclos,
Enclos trop étriqué pour son amour
Des grands espaces à franchir au galop
A marteler du battement frénétique de ses sabots.
De loin on peut croire
Que la grange vorace a
D’un claquement de mâchoires
Arraché au ciel clair un blanc nuage
Piaffant d’impatience.
De loin le cheval blanc nous suit du regard
Avec souplesse son encolure s’égare
A notre poursuite, bohémiens
Vagabonds d’un dimanche
Amoureux des caprices de leur chemin.
Il nous tient dans le spectre de son radar
Nous les humains ses dissemblables.
A deux pas du gouffre de la grange un grand drap rouge
Claque au vent, étendard sur un départ pour le grand large
Pour la Terre Sainte la seule véritable Terre Sainte que chacun
Croit promise, la terre de la liberté
Cette terre d’au-delà les déserts, les frontières, les mers.
Le cheval blanc piaffe hennit
Voudrait rejoindre l’armada des marcheurs.
Les flaques noires de ses grands yeux pleins
D’espoir et de rêve ne peuvent voir
Les trois clôtures qui les séparent
De nous les humains ses dissemblables semblables à ceux
Qui l’ont capturé, domestiqué, condamné à la clôture et au dressage.
Tel un saltimbanque contrarié il contemple
Animé d'un brûlant désir la libre harde des randonneurs
Détenteurs de la clé des prés en fleurs
Des bois tendrement brodés aux couleurs
Della Primavera fiorentina.