Sous le ventre du ciel ondule comme une houle,
Prairiale, la grande croupe fauve de tant de soleil.
Au fond du vallon la meute des loups gris
Sculptés par les pluies, le vent et la foudre,
Puis saisis par le gel.
Sur le chemin caladé ronde bille poudrée de rosée
Une prune violette pour le pouce et l’index
Papilles au garde à vous, afflux d’acide.
Et pendant que je rhabille le monde à ma façon
Je me demande si mon père lui aussi
Laissait sur les chemins pierreux son esprit divaguer
Ou s’il réfléchissait. Je tricote je crois les deux fils,
Les tresse, les marie.
Chemin de solitude, chemin de compagnie
Sentier par la richesse vers le dénuement
Chemin cathare, chemin de purification creusé dans la matière
Tracé vers la pensée, farine vierge sans sel ni levure
Sans beurre sans confiture.
Les bosses les ornières les cailloux les reliefs
Comme un crible trieur de ciel et d’essentiel.